
Les habitants de la province du Mayo-Kebbi Ouest vivent une situation délicate, oscillant entre la panique et la nécessité de garantir une libre circulation. Les contrôles routiers effectués par les policiers, censés assurer la régularité des documents des véhicules, se transforment souvent en véritables arnaques, affectant gravement le tissu socio-économique de la région.
Le rôle des brigades de contrôle routier, qui devrait consister à vérifier l’authenticité des documents tels que les permis de conduire, cartes grises et assurances, semble être détourné par certains agents. En dépit des recommandations claires des autorités hiérarchiques en matière de sécurité, la réalité sur le terrain est tout autre. À Pala, des policiers armés se comportent comme des rebelles, contrôlant les grands axes et piégeant les usagers sur les ponts et dans les zones rurales.
Les élèves et étudiants ne sont pas épargnés par cette situation. Même ceux qui possèdent tous les documents nécessaires sont souvent contraints de payer des amendes forfaitaires sans aucune justification.
Le directeur général de la gendarmerie nationale, le général Ismat Issakha Acheik, a pourtant demandé aux citoyens de signaler de tels abus. Cette recommandation a été récemment renforcée par les déclarations du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Marcel Djontan Hoïnaty, qui a insisté sur le fait que les forces de sécurité doivent protéger les populations et non les exploiter.
Le président du parti Union des Démocrates pour le Développement (USD), Dikbo Hubert, a également dénoncé ce système de contrôle abusif qui entrave la survie quotidienne des citoyens. Des lieux stratégiques comme la forêt d’Erdé-Baïdo et le pont Caowachame deviennent des points de contrôle où les usagers sont régulièrement bloqués.
À Pala, les habitants des zones périphériques doivent parfois garer leurs véhicules à 10 ou 15 km de la ville pour éviter les contrôles policiers, préférant emprunter des motos-taxis pour rejoindre le centre-ville. La province du Mayo-Kebbi Ouest semble être perçue comme une « vache à lait » pour certains agents de sécurité, qui profitent de la situation au détriment des citoyens.
Les principes de la 5ème République sont mis à mal dans cette province. Pour beaucoup, croiser un agent en uniforme est devenu synonyme de danger plutôt que de protection. Les comportements inappropriés de certains policiers ont conduit à une méfiance généralisée envers les forces de l’ordre.
Alors que les malfrats continuent d’opprimer les villageois dans les zones rurales, les policiers aggravent l’insécurité par des amendes injustifiées. Il est donc urgent que le délégué général du gouvernement auprès du Mayo-Kebbi Ouest prenne des mesures pour rétablir l’ordre et restaurer la confiance entre la population et les forces de défense et de sécurité, afin d’assurer un développement durable dans la province.
Tchédjolbé Jean-Claude, Pala