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L’ancien président gabonais a été auditionné mardi à Paris par deux juges d’instruction dans le cadre de sa plainte pour « tortures et actes de barbarie », « enlèvement » et « séquestration en bande organisée »
La plainte avec constitution de partie civile avait été déposée en mai 2024 par Ali Bongo Ondimba, qui a quitté mi-mai le Gabon pour l’Angola, avec son épouse Sylvia et leur fils Noureddin, également plaignants dans cette procédure engagée devant la justice française, tout comme leurs deux autres enfants, Bilal et Jalil. L’ancien président a été entendu mardi 1er juillet en tant que partie civile – un statut de victime – au tribunal judiciaire de Paris, par deux juges d’instruction spécialisées du pôle Crimes contre l’humanité, selon des sources proches du dossier.
Sollicités, les avocats de la famille Bongo, Mes François Zimeray, Pierre-Olivier Sur, Catalina de la Sota et Clara Gérard-Rodriguez, ont exprimé leur « satisfaction face au travail des juges d’instruction » dans cette information judiciaire ouverte en janvier contre X, pour « tortures et actes de barbarie », « enlèvement » et « séquestration en bande organisée ». Selon l’une des sources proches du dossier, « les investigations avancent bien et permettent de trouver des dates, des faits précis et des responsables » des violences dénoncées.
Une liste de « sept ou huit noms »
Ali Bongo Ondimba avait été renversé le 30 août 2023 par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, puis assigné à résidence dans sa résidence de La Sablière, à Libreville. Il était « libre de quitter le pays », selon le pouvoir, « en résidence surveillée » avec « interdiction de quitter sa maison », selon son fils Jalil Bongo. Les avocats de la famille ont dénoncé, depuis ce putsch, des tortures visant Sylvia et Noureddin Bongo : « électrocution », « simulation de noyade », « étranglement » et « privation de nourriture ». « Dix-huit mois à deux sans sortir d’un sous-sol », précise Me Zimeray.
Lors d’une conférence de presse, en janvier, Me Zimeray avait indiqué avoir transmis aux magistrates instructrices « une liste de sept ou huit noms de personnes qui ont perpétré ces tortures ». Son confrère, Me Sur, avait pour sa part affirmé que les juges d’instruction françaises allaient demander aux autorités gabonaises « de faire entendre des personnes » dans le pays. « Et s’il n’y a pas de retour, [elles procéderont] dans un deuxième temps à des mesures plus coercitives », avait avancé l’avocat, évoquant notamment la possibilité d’émettre « des mandats d’arrêt internationaux ».
Brice Clotaire Oligui Nguema, élu officiellement président dès le premier tour lors de l’élection du 12 avril dernier, avait démenti fin mars toute forme de torture.
La libération de Sylvia et Noureddine Bongo, un mois après le scrutin présidentiel, avait provoqué l’émoi sur les réseaux sociaux, alors que le président Oligui, qui avait promis la tenue d’un « procès équitable » des membres de l’ancienne famille présidentielle, ne s’est, depuis, pas exprimé sur l’affaire.
Au Gabon, le parquet a tenu à préciser que son épouse et son fils se trouvent actuellement sous un régime de liberté provisoire. Leur remise en liberté n’« interrompt nullement le cours normal de la procédure qui se poursuivra jusqu’à la tenue d’un procès juste, transparent, équitable et dans les délais raisonnables », avait assuré le procureur général de Libreville, après leur arrivée en Angola.
Par ailleurs, la famille Bongo voit onze de ses membres être mis en cause dans une autre procédure parisienne, concernant ses supposés « biens mal acquis ». L’instruction, ouverte en 2010, a été clôturée le 28 mars, et le Parquet national financier doit désormais prononcer ses réquisitions.
Avec AFP