16 mars 2025

Ce vendredi janvier 2025, Droit de l’Homme Sans Frontière (DHSF) a dévoilé au sein de son siège, un rapport détaillé sur l’exploitation artisanale de l’or dans la province du Mayo-Kebbi-Ouest.
Ce document, présenté par le président Layibé Tourdjouma, met en lumière les enjeux majeurs liés à cette activité et propose des recommandations pour une exploitation plus encadrée et durable.

Le Mayo-Kebbi-Ouest, situé au sud du Tchad, regorge de ressources minières considérables, notamment l’or. Pourtant, cette richesse contraste avec un faible développement humain marqué par la pauvreté, les inégalités sociales et un accès limité aux services de base. L’exploitation aurifère, principalement artisanale et non structurée, représente une activité économique clé mais engendre des conséquences profondes sur les communautés locales et l’environnement.

« Les activités minières dans le Mayo-Kebbi-Ouest sont majoritairement artisanales, menées sans encadrement ni équipements adéquats, ce qui expose les travailleurs à de graves risques sanitaires et environnementaux », déclare Layibé Tourdjouma.

Il souligne que l’exploitation aurifère entraîne un abandon scolaire massif, les enfants quittant les bancs de l’école pour rejoindre les sites miniers.

« La migration des femmes vers ces zones perturbe les structures familiales et affaiblit les activités économiques traditionnelles comme l’agriculture. La concentration économique autour des mines vide les villages de leurs ressources et creuse les disparités sociales, » ajoute-t-il.

Les impacts environnementaux sont également préoccupants.

« L’utilisation du mercure et du cyanure pollue les sols et les cours d’eau, affectant gravement les écosystèmes et la santé des populations locales. La destruction des forêts et des habitats naturels aggrave l’érosion des sols et entraîne une perte alarmante de biodiversité », alerte le président de DHSF.

Le rapport souligne aussi l’absence de contrôle étatique efficace sur cette exploitation minière artisanale.

« Le cadre légal est faible. Le Code minier de 2018 prévoit des règles, mais leur application reste insuffisante. Les terres sont souvent exploitées sans consultation des populations locales. Les conditions de travail sont précaires, avec une absence d’équipements de protection et une forte exposition aux produits chimiques. Sans mécanismes de surveillance, les impacts environnementaux et sociaux ne sont ni contrôlés ni gérés », explique Tourdjouma.

Face à ces défis, DHSF propose plusieurs mesures concrètes pour structurer et encadrer cette exploitation.

« Nous préconisons la création d’un programme de formalisation pour intégrer les exploitations artisanales dans des coopératives locales avant décembre 2025. Nous comptons organiser 10 campagnes de sensibilisation dans les zones affectées pour encourager le retour à l’école des enfants d’ici fin 2025», annonce le président de DHSF.

Parmi les autres recommandations, l’ONG propose de mettre en place un système de surveillance environnementale avant juin 2025 afin de contrôler l’utilisation du mercure et du cyanure sur les sites miniers. Elle préconise également l’instauration de registres obligatoires de production et de taxation d’ici fin 2025, avec des vérifications mensuelles par les autorités locales.

« Notre objectif est de collecter au moins 80 % des taxes prévues sur l’exploitation artisanale de l’or en 2025, contre un taux actuel estimé inférieur à 5 %. Nous voulons aussi réduire de 50 % le taux d’abandon scolaire dans les villages concernés et distribuer 500 équipements de protection individuelle aux mineurs artisanaux avant fin 2025 », précise M. Layibé Tourdjouma.

En conclusion, le président de DHSF insiste sur l’urgence d’une transformation de ce secteur.

« Ce rapport met en lumière la nécessité de structurer l’exploitation artisanale de l’or pour en faire une activité économiquement viable et socialement responsable. Avec un encadrement renforcé et une concertation de toutes les parties prenantes, il est possible de faire de cette ressource un véritable levier de développement durable pour le Mayo-Kebbi-Ouest et le Tchad en général ».

Nekarmbaye Roseline/ Hamama Média