14 novembre 2024

Le Tchad célèbre en grande pompe, chaque 11 août, son accession à la souveraineté internationale. Un événement d’envergure à son essence universaliste pour les pays qui jouissent pleinement de leur indépendance. Un investissement fortuit qui frise fort bien le gâchis pour le Tchad où l’indice de développement est le plus pouilleux de tous les pays en voie de développement.

Et ce, d’années en années, sans une prise de conscience aussi bien du côté du pouvoir public et politique que de celui de la société civile devenue quasi moribond.
La célébration de la fête de l’indépendance du Tchad n’a jamais posé sur la table des discussions de circonstance, des grandes questions qui caressent fructueusement la vie de la nation « sans développement » comme a écrit l’opposant Max kemkoye, Président de l’UDP sur sa page Facebook.

Les plateaux des médias tchadiens sont très peu animés par des multiples interrogations qui meublent la période post indépendance et la nouvelle reconquête d’autonomisation, notamment la coopération militaire, monétaire et les actions d’aides au développement. Pourtant, les états de lieux de ce parcourt ne sont pas reluisants et la démocratisation, qui n’en finit plus, en prend le coût.

Une indépendance factice

« Après plus 50 ans d’indépendance, sommes-nous vraiment libres dans la tête ? », s’est interrogé, il y a trois ans, Ali Abderaman Haggar, ancien conseiller du président de la République du Tchad. Si, plus de trois décennies, le Tchad a vécu les périples de guerre pro ou prou folles, il en a sombré dans les mauvaises pratiques démocratiques pour le reste. L’indépendance tant ventilée par les caciques du régime au pouvoir sans partage, n’est plus autre chose que la flatterie des passions des masses populaires à l’effet de conserver, souvent par voie de tricherie, les élections.

Après plus de la moitié de siècle « d’indépendance », le Tchad sert toujours d’un champ de bataille des grandes puissances : la France d’un côté et la Russie de l’autre. Même au plus haut sommet de l’État, il existe une sorte d’apologie de soumission à telle ou telle puissance au détriment de l’autre. L’ambition de faire cavalier seul ou de coopérer sainement aves les autres États, n’anime guerre la conscience des « gens du régime ».

La France, faiseuse des rois en Afrique, maintient encore sa présence au Tchad à travers sa base armée chassée dans presque tous les pays du Sahel où la tension contre la France est montée d’un seul cran. Cette base armée dont les missions ne sont guère connues du public, contribuerait, selon certains observateurs, à faire perdurer à dessein, le régime de Déby qui peine à s’offrir un luxe de paix et de quiétude du fait des menaces perpétuelles des quelques groupes politico-militaires qui lui sont hostiles.

La coopération économique et monétaire du Tchad avec la France n’est pas de nature à soulager les Tchadiens en proie au changement du système de gouvernance. À compter seulement les voyages du président Mahamat Idriss Deby Itno sur Paris durant la période de transition, il va de soi que les grandes décisions qui concernent la vie des Tchadiens sont prises par les autres qui y tirent leur épingle. Des injonctions miraculeuses sont dictées par l’Élysée et d’autres auxiliaires représentés dans l’ambassade de France au Tchad ou par des officines dangereusement mythiques.

Une nouvelle génération qui n’attend point

La mainmise de la France sur le Tchad ne saurait que baragouiner avec la montée en puissance de sentiment anti français en Afrique dont le ton est donné depuis un certain temps au Mali, au Burkina Faso et récemment au Niger. Le déterminisme technologique aidant, les messages d’appel à une prise de conscience collective sont répandus avec effet de boule de neige sur les réseaux sociaux.

Même si le Président français, Emmanuel Macron en a réclamé la contre-attaque par les Français, la hargne des jeunes africains pour la fin de la France-Afrique est sans retenue. La courbe de l’histoire basculerait progressivement, car, c’est cette manifestation populaire qui carbure et légitime le plus souvent d’ailleurs le renversement des régimes pro français ces dernières années en Afrique.

La société civile tchadienne, dont la crédibilité est remise en cause, doit se remettre en rang de bataille pour une autonomisation réelle et sans hypocrisie du Tchad.