11 octobre 2024
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À Madagascar, Patrick Raharimanana a été reconnu coupable d’interception de données informatiques et de publication de documents compromettant la sécurité nationale. La Justice lui reproche d’avoir publié sur Facebook l’agenda du président de la République à l’occasion d’une tournée contestée d’Andry Rajoelina en mai dernier.

Personnalité publique très suivie sur les réseaux sociaux à Madagascar où il anime une page de diffusion d’informations nationales, le blogueur Patrick Raharimanana a été condamné, mardi 17 septembre, à 5 ans de prison avec sursis et à une amende de 2 millions d’ariary – l’équivalent de 400 euros.

Le tribunal d’Anosy l’a reconnu coupable d’avoir mis en ligne, le 15 mai dernier, le programme du chef de l’État, Andry Rajoelina, alors que celui-ci venait d’entamer dans le pays une tournée à la légalité contestée.

L’agenda du président a été diffusé à la demande de la police locale

Ce jour-là, la commune rurale de Manandriana, dans le centre du pays, s’apprête à recevoir la visite du chef de l’État. À la demande d’un commissaire de police local chargé de mobiliser rapidement la population par la présidence, Patrick Raharimanana diffuse alors sur son compte Facebook l’agenda d’Andry Rajoelina. Sous pression, l’agent de police compte sur sa popularité et son influence pour relayer l’évènement.

Aussitôt pourtant, Patrick Raharimanana, dont la page Facebook est suivie chaque jour par près de 600 000 internautes, est prié de supprimer sa publication. Dans la foulée, il est aussi arrêté, puis placé en garde à vue le lendemain.

« On m’a retenu pendant huit jours, on m’a transféré d’un endroit à un autre sans notification et sans papiers. Pour moi, il s’agit donc d’une séquestration de l’État. Il faut savoir jusqu’où l’on veut aller pour notre démocratie et pour notre liberté de parole », raconte celui-ci à RFI. 

En pleine campagne électorale, le président effectuait une tournée contestée

Mis en examen, Patrick Raharimanana est poursuivi pour « interception de données informatiques » et « publication de documents compromettant la sécurité nationale ». L’agenda en question mis en ligne par le blogueur relatait l’emploi du temps du président dans le cadre d’une tournée très contestée qu’il venait tout juste de commencer dans le pays. En cause : son déroulement en pleine campagne pour les élections législatives du 29 mai dernier alors que les textes imposent une stricte neutralité au chef de l’État durant de telles périodes. 

Immédiatement après la décision du tribunal mardi 17 septembre, les avocats de Patrick Raharimanana ont fait appel de sa condamnation.

RFI